samedi 30 avril 2016

dédoublement de personnalité et Retour en psychologie (reflexion picturale sur la repentance l'istighfar)


Le dédoublement de personnalité


Ce qu’on appelle un dédoublement de personnalité, c’est une capacité à s’observer et à se vivre comme un autre. Se regarder regardant, s’écouter écoutant. Tout jeune je prenais plaisir à me voir marcher, à me voir de puis le ciel, envoiture ou en train ou depuis la terre en avion. Il me suffisait tout juste d’accentuer le regard, de le dédoubler en quelque sorte. Comme si je n’avais pas que mes deux ueux mais d’autres yeux ou comme si je n’étais qu’une partie de moi-même. Je peux aussi me regarder de face, de profil, de dos. C’estune capacité d’imaginer. A strictement parler je ne me vois pas, mais je peux reconstituer quelque part au creux de mes yeux une image, qui se projette dans ma rétine. Au même titre que l’image réelle.
Amin et prières sur le prophète et sa famille,
salutations et soumission 
C’était avant tout un jeu, une manière de jouer avec soi même ou de se jouer de soi même. L’image constituée ainsi est du même type que ces images qui nous traversent l’esprit et que nous appelons souvenir. Le souvenir de soi dans l’instant même du présent. Le présent n’est-il pas toujours déjà passé ?

C’est un état de la personnalité C’est un premier pas dans la voie de celui qui veut être agi pour ne pas prétendre agir, ou qui se sait agi même quand il prétend agir. Cet état de l’être, on peut dire qu’il relève de la psychologie ou de la psychiatrie, il n’en reste pas moins que l’être a la possibilité d’en faire ce qu’il veut y compris de le soumettre à la juridiction de la psychiatrie et de la psychologie. Les domaines du savoir sont de mon point de vue des domaines de juridiction, de même que les domaines de l’action pratique. 



Retour en psychologie


La psychologie est la science des mal-entendus. D’aussi loin que je me souvienne, quand on parle de psychologie c’est d’écoute qu’il est question. De réponse, il n’est évidemment pas question.  Ce n’est jamais l’objet des séances. Quand je dis mal-entendus, je pense bien évidemment aussi malentendus. Celui qui paye ne sait pas ce qu’il achète, on lui dit qu’il achète une oreille attentive, capable d’une écoute flottante. Quand à celui qui est payé, il ne sait pas non plus ce qu’il a vendu. On ne dit d’ailleurs pas de lui qu’il a vendu qu’il a vendu quoique ce soit, quoiqu’à y réfléchir dans sa position de supposé-savoir le psychologue a du au moins monnayer ce savoir qu’un client-patient lui a supposé.

La parole est l’enjeu de l’échange, et si l’on pense souvent à ce que le psychologue apporte au patient, de confort, de réconfort, de capacité d’analyse, de soutien, on pense assez peu à ce que le patient a apporté au psy qui n’est pas que le prix de la séance. J’imagine, de l’avoir aussi vécu, des journées entières passées à converser, acheter, vendre, et qui viennent finir sur le divan d’un psy, comme ma journée d’aujourd’hui s’achève devant cet écran. Qu’a pris le psy ? Qu’a gagné le patient ?

Je m’imagine donc psychologue ; je suis à mon bureau arrive une patiente ou un patient. J’ai passé la journée à recevoir, faire entrer et faire sortir. J’ai déjà entendu des milliers de mots et voilà qu’un nouveau paquet de mots arrive. De nouveaux entrants. La patiente est charmante, si c’est un patient, il est agréable, mais le paquet qu’il m’amène est chargé d’angoisse. Ils viennent le déverser ici dans ce bureau, je suis payé et grassement, pour le porter, c’est ce que l’on appelle mon rôle social,  je me mets donc en état d’écoute. En état d’écoute cela veut dire grosso modo ne surtout pas penser à ce qui se dit, ne surtout pas échanger de regard ou de mots. J’attends que la présence du patient jaillisse en moi, c’est cela le signe d’une parole ou d’un regard significatif ou ayant du sens. Mon silence est un extracteur de parole. C’est par mon silence que je commande. Etonnement les clients viennent pour entendre un commentaire, ou se plaignent qu’un psy ne parle pas, et s’ils cherchaient une parole, ils se seraient contenté d’aller dans un café ou de se confier à un ami ou une amie, une âme responsable comme on dit. S’il n’était question que d’une présence, celle d’un parent ou ami, fils, frère, père ou mère suffirait. Mais non. Le silence est un extracteur de sens. Et bizarrement, l’on paye le mieux celui qui se tait.
Tous ces mots d’une journée mélangés de souvenirs de plusieurs années mais dont la seule valeur est d’être proféré aujourd’hui constituent une étrange marchandise. Un container de produits hétérogènes. La journée d’un être humain c’est au fond toujours identique ; il a bien fallu qu’il se réveille, qu’il aille ou n’aille pas travailler, qu’il mange ou ne mange pas, sorte courre ou marche, achète ou vende, se soigne ou ne se soigne pas, rencontre d’autres personnes ou n’en rencontre pas (ne rencontrer personne n’est pas donné même aux ermites) ; et c’est un tel cycle qui se répète quotidiennement, comme une sempiternelle variation sur un thème unique.  Les variations sur thème sont une école de la vie, car c’est d’une variation sur routine qu’il s’agit.

Pourquoi est ce dans mon bureau que finissent tous ces mots ? à commencer, parce que probablement ils n’ont pas pu finir ailleurs. Tout simplement ils n’ont pas trouvé d’exutoire. Ces mots qui n’ont pas trouvé d’autres acheteurs que le bureau d’un psychologue, c’est une journée, une vie qui n’a pas trouvé preneur, comme un fardeau que personne n’a voulu porter, et que fait-on, on paye pour qu’il soit porté, on paye le psychologue entres autres. Arrêtons-nous un instant à cette pensée. Imaginons les êtres humains comme des simples corps évanescents, des mécaniques plus ou moins molles, des enveloppes vides,
et imaginons que la seule chose qui soit vivante en eux ce soient ces paquets qu’ils s’échangent. Et s’ils étaient portés par leur mots plus qu’ils ne les portent ? Une phrase, c’est une population, un pays, un paragraphe c’est un univers, une idée c’est une galaxie ou une collection de galaxies.

C’est un peu le prix à payer pour une opération qui ressemble beaucoup à un échange de fardeau, le client payant pour que le psy se charge pour lui –comme on charge une mule, ou une chèvre jetée dans le désert, de ses acquisitions de la journée, à charge pour le psy de trier le bon grain de l’ivraie. Etrange opération s’il en est, qui certes renvoie beaucoup à l’opération de la confession, mais dont on doit surement pouvoir trouver l’équivalent dans d’autres cultures. A condition de réduire la question à son plus simple appareil, dans telle ou elle société, qui institutionnellement est chargé de porter le fardeau des autres ? et combien de temps et à quel prix ?

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